Il y a quelques semaines, les habitants de Liège ont reçu le « Projet de Ville » du Collège Communal. Ils sont invités à donner leur avis sur celui-ci avant le dimanche 7 avril. Nous, écologistes, nous nous sommes également penchés sur ce document. Si l’on ne peut que saluer la volonté apparente du Collège de faire participer le citoyen, une fois ouvert, on ne peut qu’être déçu de ce Projet de Ville, qui constitue une nouvelle occasion manquée
LA FORME NE NOUS CONVIENT PAS
Une fois bien menés, les projets construits par des processus participatifs récoltent légitimité, respect, adhésion, protection des citoyens qui y ont collaboré… Le Collège de la Ville de Liège l’a bien compris et essaye de récolter tous ces bons sentiments avec le « Projet de ville 2012-2022 » et ses prédécesseurs (Projet de Ville 2003-2010 et Projet de Ville 2007-2015)
Le prospectus de 48 pages envoyé récemment à tous les habitants de Liège a peut-être l’odeur, peut-être la couleur mais ce n’est pas de la PARTICIPATION citoyenne! En effet, nous ne trouvons RIEN dans cette méthode qui consiste à prioriser des actions décidées par les partis de la majorité, qui ressemble de près ou de loin à de la participation.
En 2007, pour cette même initiative de consultation des liégeois qui avait récolté un peu plus de 4000 réponses nous dénoncions le document de « léger, convenu, confus, incohérent, inconsistant, gadget participatif, bref le Collège nous emmène en croisière, il s’amuse, à nous faire croire qu’il nous consulte en nous envoyant à grands frais sa liste des courses.« $Force est de constater que 6 ans plus tard, la démarche et le contenu sont les mêmes!
L’explication de ces similitudes (de médiocrité) avec le Projet de ville de 2007 est bien simple : ce dernier n’a jamais été évalué! Ni son processus de « consultation », ni son « succès », ni son déroulement, ni les actions qui y étaient proposées…
En 2007, nous regrettions déjà le manque d’évaluation du Projet de ville 2003-2010 : « Évaluer, c’est mesurer l’écart entre une situation initiale et celle obtenue à un moment donné. Évaluer, c’est vérifier si toutes les actions réalisées, les résultats obtenus permettent d’atteindre l’objectif et donc si celui-ci était pertinent. » Il est pour nous évident que si le Collège se passe d’évaluer le projet de Ville de 2007, c’est pour ne pas montrer à voir que les propositions d’actions sont les mêmes et que les « 12 travaux » restent plus ou moins identiques, donc qu’en 6 ans très peu d’actions proposées par la majorité ont été réalisées. Et ça, nous sommes tous d’accord, ça ne le fait pas!
D’un point de vue méthodologique encore, nous sommes en droit de nous demander : quelle place la majorité donne-t-elle pour les suggestions de sa population? Réponse : une ligne! Dès lors, est-ce vraiment de la CONSULTATION citoyenne? « En fait nous sommes consultés sur nos attentes, nos besoins, nos priorités, alors que le Projet de ville est DEJA défini. » Un questionnaire devrait intervenir avant la formulation d’objectifs et d’actions prioritaires. En fait le Collège nous donne la réponse avant de nous avoir posé la question!
De plus, nous regrettons sincèrement que le Collège ne propose aucune alternative spécifique de participation pour ceux qui ne sauraient pas remplir ce questionnaire, le document ne tient absolument pas compte des différents publics de la population liégeoise. Leur priorité de vouloir traiter tout le monde de manière égale, ne donne pas de fait les mêmes chances à chacun de participer à la construction de ce Projet de ville. Plutôt que d’un traitement égal il faut un traitement qui soit équitable ou juste, dans le sens de permettre à chacun de comprendre la portée ou l’intérêt de ces propositions.
C’est avec énormément de tristesse, de lassitude et d’incompréhension que nous avons repris des extraits entiers de notre communiqué de presse de 2007, les critiques sont les mêmes… Ce projet de Ville 2012-2022 (alors qu’on est déjà en 2013!) est encore une occasion manquée pour construire des solutions globales, intégrées et pertinentes pour répondre de front aux différentes crises que nous vivons! Plus que du désespoir vis-à-vis de cet immobilisme, nous sommes fâchés par le manque de confiance que la majorité accorde à ses citoyens et cette frilosité face à de nouvelles propositions auxquelles ils n’ont manifestement pas pensées!
LE CONTENU NE NOUS CONVAINC PAS
En réalité, quel est le Projet de ville du Collège? C’est Liège métropole. Hélas nous connaissons ce que ça a donné, la grenouille qui a voulu se faire plus grosse que le bœuf. Le projet de Ville du Collège est personnifié et pas par le Mayeur, mais par l’Echevin Firket, très attentif aux desiderata des investisseurs et promoteurs privés mais totalement indifférent au vécu quotidien des liégeois.
Le projet aujourd’hui soumis aux liégeois n’est pas un Projet de ville. Ce n’est pas une vision d’avenir ni un document permettant de changer profondément l’homéostasie de la ville.
La politique du Collège tout occupée à montrer du gros doigt ceux qui ne balayent pas leur trottoir et à établir un classement des incivilités ne fait aucun effort pour réduire l’usage des pesticides sur la voie publique.
Ecolo veut une ville bienveillante envers ses citoyens, bienveillante parce que bien veillée. Une ville plus attentive au vécu des liégeois sera ipso facto une ville plus agréable à vivre pour tous. Ca c’est un Projet de ville, une vraie priorité.
« Quelle belle déclinaison d’objectifs : augmenter ce qui doit l’être, réduire ce qui pose problème, améliorer la situation, accroître, renforcer, développer, soutenir, stimuler, etc… C’est l’évidence, mais la question est de savoir selon quelle logique d’intervention va-t-on agir, quels résultats veut-on obtenir et quels moyens (ressources humaines et financières) va-t-on mettre en œuvre pour y arriver, quels sont les liens qui vont être fait entre toutes ces actions, … ? » Le Collège vous soumet 114 actions. Est ce vraiment possible d’identifier des lignes de force dans un tel catalogue?
En matière de mobilité, la ville se félicite d’avoir doublé le prix de la vignette de stationnement afin de décourager les voitures ventouses, mais aucune solution alternative n’a été proposée! Certaines mesures laissent à penser qu’avant, des éléments de la mobilité étaient mal gérés, et qu’avec ce Projet de Ville, les choses vont changer. Ainsi, la Ville nous promet de désormais « prendre en compte systématiquement les personnes à mobilité réduite ». Concrètement, qu’est-ce que cela signifie?
Une des propositions du plan d’actions en matière de mobilité s’intitule « Concrétiser les parkings relais et réaliser deux parkings souterrains dans le centre ville ». Le Collège associe au sein d’une seule proposition deux actions qui ne vont pas ensemble. La première vise à décourager l’arrivée des automobiles au centre ville tandis que la seconde va dans le sens exactement contraire. Pour ne pas devenir fou, il vaut mieux ne pas voter pour cette proposition.
Le Collège n’a vraiment rien compris, d’autant plus que les premières recommandations de l’étude d’incidence du tram affirment que pour réussir l’arrivée du tram, il faut arrêter d’augmenter l’offre de place de parking en plein centre ville. Ajoutons aussi que la création de parking-relais est une priorité du Collège depuis le PREMIER projet de ville et jusqu’à maintenant aucun accord, aucun terrain, ni aucune politique n’a été menée dans ce sens par la majorité!
Les objectifs en matière de logement ne peuvent que recueillir l’unanimité :
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Augmenter le nombre total de logement et diversifier les types de logements
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Augmenter la part du logement public dans le parc global de logement
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Réduire le nombre de logements inoccupés ou insalubres
Mais ce qui préoccupe les liégeois c’est la manière dont la Ville va essayer d’y parvenir. Ce projet manque de détails quant à la mise en œuvre de leurs propositions alors que c’est bien là le rôle du politique!
ECOLO propose de mobiliser les outils nécessaires pour créer du logement en se concentrant sur les créances et la réalisation finale des projets . Pour améliorer la qualité des logements, la Ville dispose d’outils dont elle ne fait même pas mention dans ce document de 48 pages : le bilan carbone est selon nous un outil incontournable pour proposer des mesures efficaces d’économies d’énergie. La Ville doit aussi gérer les différentes demandes de logement de la population et non des investisseurs privés…
Les parcs d’activités cités dans le Projet de Ville sont soit en cours soit des friches pour lesquels le ministre wallon en charge de l’aménagement du territoire, Philippe Henry, a débloqué les moyens. Nous constatons avec regret que le document ne mentionne pas une seule fois le quartier d’affaires des Guillemins.
CONCLUSION
Ecolo voit deux grand enjeux pour cette législature communale: – La crise économique et sociale déjà bien présente dans le sud de l’Europe et qui se pointe chez nous. – La crise environnementale et les dérèglements climatiques dont nous sentons les premiers effets. Ces deux enjeux ne se retrouvent pas dans le Projet de ville : Liège ne s’équipe pas pour y faire face.
Face aux défis auxquels Liège est confrontée pour le 21° siècle, Ecolo propose une démarche plus volontariste et novatrice, qui vise à mettre en œuvre la transition écologique de Liège. Une transition que nous défendons comme la seule alternative crédible pour créer de l’activité et de l’emploi, répondre aux besoins sociaux et culturels, préserver et valoriser nos ressources environnementales, assurer notre efficience énergétique et enfin garantir une société démocratique. Ce vaste chantier, doit être porté par le Collège, par le Conseil communal et par tous les Liégeois, avec l’Université, la Région wallonne, les entreprises, les associations et vous les citoyens. Si ce concept vous intéresse, consultez le programme d’Ecolo Liège pour la commune, il contient des propositions qui vont dans ce sens. N’hésitez pas à ajouter cette suggestion ou d’autres dans votre réponse au Projet de ville! Ainsi vous lui donnerez un peu de sens et de contenu.
