Brigitte Ernst, conseillère communale, participe cette année encore au Festival de la BD d’Angoulême. En direct, elle nous fait part des ces impressions. Retrouvez ses carnets chaque soir, et ce jusqu’à la fin du WE
Vendredi 31 janvier
Ce vendredi était décerné le prix Tournesol, prix qui récompense la BD la plus fidèle aux idées de l’écologie politique, parue en langue française dans l’année écoulée. Cette année, ce prix a été décerné à « Plogoff ».
Ci-dessous, le jury et le lauréat.
Texte complet du communiqué de presse:
Le prix Tournesol à »Plogoff »
Pour la 18° année consécutive, le prix Tournesol a été attribué en marge du festival de la BD d’Angoulême. Ce prix récompense la BD la plus fidèle aux idées de l’écologie politique, parue en langue française dans l’année écoulée.
Un jury paritaire, composé d’écologistes de trois pays (France, Belgique, Suisse) et d’artistes de la BD, dont le lauréat précédent Christian Binet, a choisi dans une liste d’une vingatine d’albums, puis parmi 4 finalistes, l’ouvrage de l’année.
Il s’agit de »Plogoff », dessiné par Alexis Horellou et scénarisé par Delphine Le Lay, paru aux éditions Delcourt. Cet album raconte la saga de la lutte du village de Plogoff contre l’implantation d’une centrale nucléaire dans les années 1973-1981. C’est une région entière, toutes sensibilités politiques et appartenances sociales confondues, qui se mobilisa et finit par l’emporter. Historiqement, c’est une des grandes victoires écologistes françaises, avant même la création des Verts. C’est surtout une grande victoire de la raison populaire contre la raison d’état.
Les plus jeunes, écologistes ou non, ignorent tout de cette lutte qui agrégea, autour de gens simples et peu préparés à la bagarre, des antinucléaires du pays entier. Alexis Horellou (né l’année de cette victoire) et Delphine Le Lay, qui avait alors deux ans, sont un couple qui vit dans la Bretagne profonde, pas très loin du lieu des opérations, où le souvenir de cet affrontement, parfois violent (du côté policier) a marqué les esprits – même si beaucoup de témoins ne veulent plus l’évoquer. La plupart des hommes étant marins, ce sont les femmes de Plogoff qui ont souvent pris en mains le combat, qui est aussi une grande victoire féministe sans féministes encartées. Magnifiquement narrée, dessinée sans ostentation ni lyrisme abusif, cette BD solide a déjà rencontré un succès d’estime.
Ce combat montre que dans une France où les grands partis entretiennent au mieux une indifférence coupable vis à vis de l’écologie et plus sûrement une hostilité ouverte, des combats importants peuvent être gagnés. Cet album est donc, pour tous, écolos ou non, une leçon de vie.
Contact : Yves Frémion, secrétaire du prix : 06 7149 25 87
Mercredi 29 janvier
Angoulème 2014- Festival international de la BD : donner à voir et à comprendre le monde grâce a la Bande dessinée
Cela fait déjà quelques années (depuis 2006) que je participe à ce Festival. Au début c’était un hobby, depuis c’est devenu un engagement. En effet j’ai découvert que la BD est un outil exceptionnel pour faire découvrir et comprendre des enjeux de société. De quoi séduire une militante !
Le Festival 2014 se déroule sur 4 jours (du 30 janvier au 2 février) et son thème est : Bande dessinée, regard sur le Monde. Cette année, c’est Willem qui est mis à l’honneur. Il a reçu le Grand Prix de la Ville d’Angoulème pour l’ensemble de son œuvre en 2013 et c’est donc à lui que revient de dessiner l’affiche du Festival. Très belle, l’affiche ! Une expo rétrospective de son œuvre est également organisée et il est enfin le président du jury 2014.
Il a emmené dans ses bagages un « atelier populaire néerlandais », une vingtaine de jeunes auteurs qui se relayeront pendant toute la durée du Festival pour imprimer tous les jours quatre ou cinq affiches en rapport avec l’actualité sous toutes ses formes. Celles-ci seront collées dans toute la ville d’Angoulême et régulièrement remplacées, rappelant le caractère éphémère de l’affichage sauvage dans les années 1960-1970 : la bande dessinée est dans la rue !
Terminons ce premier billet par quelques mots sur Willem, pour ceux qui ne le lisent pas tous les jours dans Libé… depuis 1981. Auteur de bande dessinée, dessinateur de presse, chroniqueur, reporter au long cours, Willem compose depuis près de 50 ans une œuvre politique et incisive. 70 ouvrages jalonnent la carrière diversifiée de cet artiste radical, qui est l’auteur de centaines de planches, des histoires courtes parues dans la presse et publiées par des éditeurs alternatifs (Les éditions du Square, Futuropolis, Cornélius, Les Requins Marteaux…).
A demain soir pour un nouveau billet
Brigitte Ernst, 29 janvier 2014
Le lien vers le site du Festival : http://www.bdangouleme.com/
