Le Plan Communal d’Aménagement du Canal de l’Ourthe tel qu’il nous est présenté est une version provisoire, et ce n’est pas un détail si l’on s’en réfère à ce qu’il s’y trouve, que ce soit en termes de plans, de modifications, d’ambitions, de résultats du rapport d’incidences environnementales (RIE)… Le Canal de l’Ourthe, libéré d’un usage industriel lourd et d’une voie d’eau « technique », forme une jonction paysagère et un ensemble à réhabiliter, doté d’une réserve foncière considérable, qui s’étend d’ouest en est du Quai Gloesener (derrière l’école Rennequin Sualem, ancien ISIL) au Quai Saint Paul de Sinçay (derrière la Vieille Montagne), aux confins d’Angleur et de Chênée, si l’on excepte la première partie, entre la Meuse et le chemin de fer, qui forme déjà aujourd’hui un îlot cohérent.

En effet, nous soutiendrons cette version provisoire avec force et enthousiasme, mais si d’aventure il devait nous être présenté tel quel dans quelques mois, nous serions contraints, avec déception mais en respectant nos principes, de nous y opposer fermement, pour des raisons que je vais vous expliquer.

Un grand nombre de points positifs sont à relever dans ce PCA, et je ne manquerai pas d’en pointer certains particulièrement. On aurait pu avoir affaire à un toilettage sans vision, mais vous nous proposez bien davantage, sachons décerner un bon point lorsque les efforts sont là, même si tout ne trouve pas grâce à nos yeux. Je pointerai notamment, sans tirer en longueur, du meilleur au moins bon :

– la préservation et l’extension des zones vertes, seules ou en aménagement, dont la consécration du site de l’Île aux Corsaires.

– la prise en compte accrue des itinéraires cyclables et doux, avec la possibilité d’une ouverture de passerelle vers Chênée en bord du Ravel n°5, au bout de la rue du Canal de l’Ourthe, en direction de la Place Joseph Willem, qui permettrait de fait une mobilité douce pour tous les riverains des vallées de la Vesdre et de l’Ourthe (sans devoir se mêler à la circulation des quais ou traverser par Grivegnée-Bas).

– une vraie ambition pour un quartier de gare, enfin, autour d’Angleur, avec un P+R, des bureaux sans surdimensionnement mais avec une masse critique en entrée de Ville, de l’habitat qualitatif (dont on espère une part publique significative), des précautions et dégagements techniques pour permettre l’accueil d’un transport en commun structurant. Vous pourriez presque faire sourire ma collègue Bénédicte Heindrichs, Madame Yerna, elle qui a fait des quartiers de gare l’un de ses chevaux de bataille, tant on sait combien ils sont cruciaux en termes de développement de nos villes, à tous les niveaux.

– je suis plus réservé sur l’autorisation de bâtir les intérieurs d’îlots du Parc Zénobe Gramme, sur l’ancien site des Conduites d’Eau : autant je soutiens la nécessaire densification, d’autant que la demande semble déjà exprimée, vu le site arrivé à saturation, autant je crains une massification minérale soudaine, voire pire, désordonnée, chacun y allant de sa petite extension, de son petit appentis. Ceci rendrait l’itinéraire cyclopédestre peu avenant, à tout le moins, sauf à avoir un decrescendo dans les gabarits (plus petits à proximité des axes de circulation doux).

– je suis enfin fermement opposé, comme l’ensemble de tout mon groupe, à l’extension du centre commercial Belle-Île : au Centre-Ville et en dehors de celui-ci les surfaces commerciales sont trop souvent vides, la part de marché du commerce ne pouvant s’étendre à l’infini. Qu’il faille mener par ailleurs une réflexion en profondeur sur les surfaces, zones et loyers commerciaux est indéniable. Je pense à ce sujet que des exemples belges existent, où le public travaille de concert avec le privé (propriétaire comme locataires) et avec des résultats probants en termes d’occupation, de prix des loyers, etc… Nous serons toujours à votre disposition pour toute initiative allant en ce sens, évidemment.

Vous l’aurez compris: nous sommes globalement très positifs sur ce PCA, mais avec une condition explicite quand ce dossier reviendra sur la table de manière définitive : l’extension du zoning commercial est pour nous rédhibitoire, et si elle est maintenue nous ne pourrons pas vous soutenir, Mme L’Echevin.

Pour le Groupe Ecolo,

Quentin le Bussy