Intervention de Bénédicte Heindrichs :

1) La nécessité du tram.

 

Le tram à Liège est urgent et nécessaire. Cela fait des années qu’Ecolo le réclame, il a fallu une majorité Olivier afin de le mettre en place concrètement, et tout délai accentue les impacts négatifs sur la qualité de vie des Liégeois, écrasés dans des bus bondés. Les lignes 1 et 4 sont saturées, et il faut que cette première ligne de tram soit mise en place, afin de soulager cet axe, mais aussi de permettre un redéploiement du réseau qui desserve mieux la rive droite, qui facilite l’accès au Sart Tilman pour les étudiants, et qui de façon générale améliore la mobilité dans tout l’arrondissement.

 

Il me semble intéressant de revenir également sur certaines critiques, provenant de divers bords politiques, qui se sont focalisées sur le montage financier du tram, le PPP. Pour nous, le PPP est un moyen comme un autre de mettre en place un projet public, il a des avantages et des inconvénients. Il coûte plus cher au départ, mais offre des garanties en termes de prix final, et de délai de chantier. Un marché public classique coûte moins cher au départ, mais parfois les coûts explosent en cours de route, et les délais également. On l’a vu avec le métro de Charleroi, ou les gares Calatrava de Liège et Mons.

 

 

2) L’Europe.

 

En l’occurrence, que s’est-il passé avec le PPP du tram ? Eurostat a changé de jurisprudence et semble interpréter de façon beaucoup trop stricte et austéritaire ses propres règles. Nous sommes passés en 2014 des règles dites « SEC 95 » aux règles « SEC 2010 », mais l’Institut des Comptes Nationaux a bien confirmé que le montage PPP prévu pour le tram respectait le guide « SEC » publié par Eurostat lui même, ce n’est donc pas le montage de départ du PPP en soi qui pose problème.

 

Désormais, l’important est que nous devons trouver une solution rapide pour le tram, les députés européens issus de Belgique francophone devront lobbyer auprès de la Commissaire compétente, Marianne Thyssen, afin qu’elle clarifie l’interprétation des règles SEC relatives aux PPP, mais également l’effet rétroactif de ces règles. En effet, est-il normal que des règles entrées en vigueur en 2014 s’appliquent à un projet monté en 2013 ? Par ailleurs, si il s’avère que les nouvelles règles SEC 2010 entrées en vigueur en 2014 sont en réalité correctement utilisées par Eurostat, nous devrons aussi utiliser nos relais au niveau européen à moyen terme afin de régler ce problème plus général, car cela risque à l’avenir d’empêcher d’autres investissements importants pour les citoyens. Sans parler d’une remise en question globale de l’austérité imposée par l’UE, via le pacte de stabilité et le Six Pack, et qui empêche de redéployer l’économie européenne.

 

3) La région.

 

Cela étant, en attendant des clarifications au niveau européen, le permis expire bientôt, et la région doit prendre ses responsabilités. Elle peut soit outrepasser l’avis d’Eurostat et plaider sa cause par la suite au niveau européen. La Flandre l’a fait pour le tunnel du ring d’Anvers. (C’est dommage dans ce cas précis, on est dans le « tout à la route » une fois de plus, mais cela prouve que c’est possible.) Au pire, la conséquence serait d’augmenter la dette de la région sur papier, mais a priori le déficit structurel s’équilibrerait à terme, les annuités étant déjà comptabilisées.

 

Soit elle peut financer le tram autrement. En utilisant une partie des recettes de la taxe kilométrique pour les poids lourds, entrée en vigueur en 2016 et qui devrait dès 2017 rapporter plus de 200 millions par an à la région, il est tout à fait possible de financer le tram. De façon générale, cette redevance devrait financer des investissements en mobilité durable, partout en Wallonie, et ne pas être affectée uniquement à la route, comme semble le prévoir le Ministre Prévôt. Après tout, ce sont notamment des investissements publics importants affectés exclusivement aux routes durant des dizaines d’années qui permettent aujourd’hui ces recettes, il serait donc légitime qu’une partie de ces recettes finance des alternatives à la route.

 

4) La Ville.

 

Enfin, la Ville doit cesser de se poser en victime et agir. Nous comprenons tout à fait les citoyens qui ont envie de marquer leur soutien au tram et qui signent la pétition qui a été mise en place, mais dans le chef de la Ville, cette action est faible voire ridicule. Un consensus général existe sur la nécessité d’un tram à Liège, aujourd’hui les décideurs doivent prendre leurs responsabilités et agir, faire en sorte qu’il se réalise. La majorité à la Ville est la même que celle de la région, il est temps que socialistes et humanistes se mobilisent réellement pour le bien être des Liégeois !