Le Conseil communal de Liège débattra ce lundi d’un projet de résolution déposé par le groupe MR en faveur de la construction de l’autoroute Cerexhe-Heuseux/Beaufays (CHB), à l’Est de Liège.
Aux yeux d’ECOLO et de VEGA, cet acharnement est nuisible à la Ville de Liège, à de nombreux égards.
Le MR développe une approche monomaniaque de la mobilité. À lire la prose du MR, on en viendrait presque à croire que CHB est la solution miracle susceptible de résoudre l’ensemble des problèmes de mobilité que connaît l’agglomération de Liège. Rien n’est plus faux. Comme le montre l’étude d’incidences sur l’environnement, CHB s’apparente au contraire à une dépense inutile, qui va globalement accroître la pression automobile sur la ville, sans apporter d’amélioration notable à la fluidité du trafic urbain.
Le MR cherche à manipuler les riverains de la Dérivation. Le message est matraqué depuis des années : «CHB va soulager les riverains de la Dérivation». Ce message n’en est pas moins faux ; factuellement faux, selon toutes les études disponibles. L’axe de la Dérivation — de même d’ailleurs que le tunnel de Cointe — sont en effet des infrastructures qui servent principalement à la pénétration urbaine (les comptages récemment réalisés dans le cadre du nouveau Plan communal de mobilité l’ont une nouvelle fois démontré). Par conséquent, la seule manière de réduire la pression automobile — effectivement insupportable — que l’on observe sur cet axe se trouve dans le développement du transport public : tram, REL, bus structurant,…
Le MR risque de rendre impossible le financement des alternatives en matière de mobilité. L’agglomération liégeoise a d’ores et déjà pris un retard important, à l’échelle européenne, dans le développement de son réseau de transport public. Choisir d’investir un demi-milliard d’argent public (et plus) dans un nouveau tronçon autoroutier, dans un contexte tendu au plan des finances publiques, ne peut que limiter et différer l’investissement, pourtant indispensable, dans les alternatives et notamment dans le développement du tram, dans la création d’un réseau de bus structurant, dans la mise en place d’itinéraires vélos de qualité, etc. C’est un tournant historique que Liège manquerait en posant un choix aussi passéiste.
Le MR fragilise le pouvoir fiscal de la Ville de Liège. Bien plus qu’un projet de mobilité, CHB est un projet territorial, qui faciliterait l’urbanisation du grand Est de l’agglomération. On voit d’ailleurs de nombreux projets de lotissements, de centres commerciaux (Soumagne, nouveau casino de Chaudfontaine,…), voire de zonings d’activité (Trooz) qui sont ouvertement liés à la réalisation de CHB. Construire CHB, c’est mécaniquement relancer la péri-urbanisation et donc appauvrir la ville de Liège, fragiliser ses services publics. Le MR ne peut pas l’ignorer. Devons-nous donc conclure que le groupe MR au Conseil communal de Liège cherche délibérément à appauvrir sa ville ?
Le MR utilise des sources dépassées. Les documents qu’utilise le MR à l’appui de son propos sont obsolètes. Le « chaînon manquant » réclamé par l’Europe, entre les autoroutes E40 et R25, en particulier, est en service depuis le début du siècle, avec le tunnel de Cointe. À l’inverse, le MR semble ignorer les études réalisées à propos du projet de liaison, qui contredisent de manière assez systématique son propos.
Les groupes ECOLO et VEGA ne peuvent accepter de voir l’avenir de la région liégeoise hypothéqué par tant d’aveuglement. Les faits s’accumulent pour le démontrer : CHB est un projet qui nuirait à la Ville de Liège et à ses habitants, s’il devait être réalisé. Au contraire, avec le budget envisagé pour ce projet, il est possible de mettre en place des solutions alternatives durables et créatrices d’emplois.
C’est la raison pour laquelle nos groupes défendront, en commun, une contre-motion lors du Conseil communal de ce lundi, sous la forme d’un amendement intégral à la motion du MR.
Pour les groupes ECOLO et VEGA,
Bénédicte Heindrichs et François Schreuer
Chefs de groupes