Monsieur le Bourgmestre se félicite d’une majoration de la dotation de la Ville pour le CPAS de 300 000 euros. Le MR se vante que les aides fédérales permettraient de maintenir le budget à flot. Nous, écologistes, ce que nous voyons derrière les rideaux, c’est un scénario proche de celui du Titanic : certains croient qu’avec une ou deux pelletées de subsides, ça va aller, et oublient les obstacles qui se dressent sur notre chemin ; le paquebot fonce vers le naufrage, des travailleurs, que les écologistes tiennent à remercier pour leur travail quotidien dans des conditions difficiles, essaient de gérer le paquebot et sonnent la cloche à intervalles réguliers (rappelons le courrier de l’antenne jeunes), mais on fonce, on n’a pas assez de canots pour tout le monde, et on le sait.

 

1, 15 % d’augmentation de la dotation de la Ville (300 000 euros). Des aides fédérales supplémentaires. Il est vrai que si nous nous arrêtons à ces deux données sans regarder le panorama, dans des temps budgétaires douloureux, il est facile de faire passer le message « on a fait ce qu’on a pu », « nous n’avons pas bradé le CPAS », « l’enveloppe est maintenue ».

Mais la réalité réduit ces 1, 15% à bien peu de choses. Le CPAS aujourd’hui,

  • ce sont plusieurs  centaines de Revenus d’intégration en plus par an (700 RI supplémentaires entre été 2015 et été 2016 ; + 18, 7 % depuis 2014) ;
  • chez les moins de 25 ans, la note de politique générale estime l’augmentation de dossiers à + 4% (pas 1, 15%, mais + 4%)
  • Dans ce budget comme dans la note de politique générale, la croissance de la problématique « énergie » est oubliée. André Verjans, conseiller à l’action sociale pour Ecolo qui préside la Commission locale de l’énergie, constate que les dossiers compliqués se multiplient. Les commissions ont doublé sur quelques années; avec des situations où les interventions des différents fonds sont plus que nécessaire pour permettre à beaucoup de famille de survivre dans la dignité (chèques mazout, secours hivernaux…). Ces fonds ne sont pas augmentés, et nous n’avons aucune nouvelle du rapport annuel sur la situation entre le CPAS et le bourgmestre.
  • 1, 15%  quand les besoins en logement restent non couverts. Le bourgmestre lui-même nous dit que tous les logements de transit sont pris et que des nuitées sont déjà payées par la ville dans des hôtels pour des familles en ce début d’hiver. L’outil du logement de transit est saturé, et l’alternative n’arrivera pas avec 1, 15%.

La note politique explique en outre qu’actuellement, un assistant social est en charge de 101 dossiers. Imaginons un temps de travail de 38h/semaine : un AS peut passer 1h30/dossier/mois, et ce, à condition que ça se fasse sans pause cigarette, sans retard, sans formation, sans supervision… Or Madame la Présidente l’a dit : c’est un travail qui demande du temps, qui prend du temps.

 

Aujourd’hui, la première cause de vol à l’étalage, à Liège, c’est l’alimentation. Longtemps, les cosmétiques ont trôné en haut de la liste des larcins. Ils sont aujourd’hui remplacés par du pain. Autre phénomène nouveau : briser la vitre d’une voiture pour quelques pièces de monnaie. La police l’a reconnu dans la presse : le vandalisme à Liège se renforce à cause de l’appauvrissement d’une partie importante de notre population.

 

À Liège, la misère est visible. Prostitution à Cathédrale Nord, personnes qui dorment dans des halls d’immeubles, usage de drogues dans les parkings par des personnes à la rue. Mais elle est aussi cachée. Je pense aux personnes exclues du chômage dont on ignore ce qu’elles sont devenues. Je pense à ceux qu’on appelle les nouveaux pauvres : ces mères célibataires, ces étudiants, ces indépendants, ces pensionnés qui ne bouclent pas les fins de mois. On l’aura compris : le budget du CPAS est insuffisant face aux besoins réels des Liégeois et nous le savons tous.

 

Ecolo craint les retombées, non seulement pour les usagers mais aussi pour les travailleurs. Aux usagers, on va demander toujours plus de responsabilisation alors que certains droits fondamentaux sont de moins en moins accessibles (soins de santé physique et mentale, alphabétisation, logement…). Ecolo a demandé en novembre que Liège n’applique pas le service communautaire, possible depuis l’extension du PIIS (projet individualisé d’intégration sociale). La Ville annonce à grande pompe que ça a été voté à l’unanimité. Le MR conteste. Et surtout, la mesure n’est valable que pour 2017. Et après ? Ne serait-ce qu’un demi-courage ?

 

Enfin, la Présidente n’est pas claire sur certaines lignes politiques. Comment compte-t-elle appliquer le paiement du revenu d’intégration des SDF par cartes bancaires ? Comment va-t-elle organiser la concertation sur le déménagement de la cellule SDF et de l’urgence sociale ? Comment va-t-elle institutionnaliser le projet pilote MAPIL (lutte contre la pauvreté infantile) sans donner davantage de moyens aux travailleurs ? Quelles réponses ont été apportées aux antennes du CPAS qui ont dénoncé publiquement la pénibilité de leur situation ? Ecolo insiste sur le recours à l’expertise en travail social. C’est la qualité qui permet d’aider réellement les personnes usagères du CPAS.

 

En conclusion, Ecolo soutiendra la création du centre d’accueil socio-sanitaire pour les personnes à la rue. Ecolo soutiendra la prolongation des projets de lutte contre la pauvreté infantile. Ecolo continuera à se battre contre la précarité énergétique. Mais Ecolo ne peut valider ni ce budget ni cette note politique : ils sont trop peu anticipatifs et en inadéquation avec les besoins réels du CPAS.

 

Pour Ecolo,

 

Caroline Saal, conseillère communale (0485/95.51.03)

André Verjans, chef de groupe à l’Action sociale

Christine Relekom, conseillère à l’Action sociale