Ces derniers jours, la Police locale de Liège a fait parler d’elle pour plusieurs affaires distinctes. Le groupe ECOLO, interpellé par les faits, se devait de réagir. Veuillez trouver ci-joint nos analyses et propositions.

Entre le droit de manifester et le maintien de l’ordre sur la voie publique, bienveillance et Etat de droit doivent primer

Dimanche 26, lors de la marche annuelle contre le centre fermé de Vottem, la police intervenait de manière musclée en arrêtant plusieurs manifestants, suscitant le choc et l’incompréhension du public familial présent.

Ces arrestations auraient été ordonnées suite à la découverte d’outils coupants dans le sac d’une personne revenant du travail, au cours d’une fouille préventive. Il s’avère cependant que les personnes arrêtées ne détenaient rien d’illégal. Cette intervention, en plus d’être disproportionnée, était inutile.

Le lendemain se tenait un Conseil Communal lors duquel plusieurs conseillers de l’opposition n’ont pas manqué de demander des explications au bourgmestre. Il a déclaré être satisfait du rapport de la police fédérale quant à ces arrestations qu’il a lui même qualifié de «préventives ». Il a par ailleurs ajouté que les autorisations pour organiser cette manifestation avaient été accordées car, de manière générale, “elle se passe bien”. Alors que la politique migratoire menée par le gouvernement fédéral est plus inhumaine que jamais, la prochaine manifestation contre le centre fermé pourrait être interdite ?

Un peu plus tard dans la soirée, nous apprenions que plus aucune nouvelle manifestation sur la voie publique ne serait autorisée pour l’année 2017. Il est vrai que la présence policière massive en rue et lors des manifestations, décidée par le Bourgmestre suite à l’augmentation du “niveau de la menace”, fait peser sur les travailleuses et travailleurs de la police une pression inacceptable, qui ne peut que s’en ressentir dans leur qualité de vie et dans celle de leur travail.

Néanmoins, cette décision soulève plusieurs questions. Primo, une telle mesure s’appliquant aux manifestations citoyennes et politiques serait clairement anticonstitutionnelle. Nous supposons donc qu’elle vise uniquement les événements à caractère commercial. Cela mériterait cependant d’être précisé.

Secundo, l’interdiction d’événements est-elle la meilleure manière de soulager nos forces de police? Au contraire, il nous semble qu’une stratégie d’intervention policière plus légère, moins violente, serait mieux à même de remplir ses objectifs et moins génératrice de stress pour les membres des forces de police. L’intervention à Vottem est un exemple d’une méthode lourde, coûteuse en heures et en moyens, anxiogène autant pour les agent·e·s de police que pour les manifestant·e·s, inutile et contre-productive au regard de son objectif de maintenir le calme.

 Nos propositions :

  1. Accorder une réelle importance à la formation des policier.ère.s et veiller à ce qu’elle mette l’accent sur la prévention des abus en tous genre, en intégrant les enjeux de racisme, sexisme, homophobie, la communication envers les citoyen·ne·s, le respect du droit des témoins à filmer les interventions policières, etc.

  2. Mettre en place autant que possible à l’échelle de la zone de Police de Liège les recommandations émises par l’Observatoire des violences policières (ObsPol) lors de l’examen périodique universel (EPU) de la Belgique par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en 2016 :

·      assurer une assistance médicale systématique des personnes arrêtées ou violentées ;

·      identifier les policiers en toutes circonstances ;

·      faire cesser l’intimidation à l’encontre des citoyens qui récoltent des preuves d’abus policiers ;

·      plaintes contre les policiers : récolter des statistiques fiables et faire cesser les manipulations des chiffres ;

·      imposer des sanctions dissuasives pour les policiers qui abusent de leurs pouvoirs.

 Police de Liège : contrôle interne, protection des lanceurs d’alerte et suite du “Dossier Nucera”

 

Nous apprenions ce vendredi que la Société de dépannage Nucera a pris la décision de rompre unilatéralement le contrat qui la lie à la Ville de Liège. Cette décision intervient suite aux soupçons de corruption de policiers Liégeois par l’entreprise en question.
Le groupe Écolo appelle le collège à ne pas prendre de décision précipitée et à amorcer une réflexion en profondeur sur la question afin d’apporter une réponse à la hauteur de la gravité des faits reprochés.
Bien sûr, la justice doit encore faire son travail. Mais il n’empêche que cette affaire ternit l’ensemble de la police, suscitent l’incompréhension et la méfiance de la population, et renforcent le sentiment d’impunité chez les personnes les moins scrupuleuses. Au delà des responsabilités individuelles, c’est un système qui permet ou encourage ces comportements qu’il s’agit de réformer.

Voici les mesures que nous proposons de mettre en place :
1. Ne pas désigner de nouvel opérateur privé et créer un service de dépannage public à l’instar de la Ville de New-York. Ceci permettrait un meilleur contrôle de l’activité, de générer des recettes pour la Ville et de créer de l’emploi public.
2. Protéger les « lanceurs d’alerte » par la mise en place de mécanismes qui libèrent la parole des policier.ère.s révoltés par les abus dont ils ou elles sont témoins et les mettent à l’abri de représailles éventuelles.
3. Installer un vrai service de suivi systématique des problèmes liés aux fraudes et à la discipline, conforme tant à l’esprit qu’à la lettre de la Circulaire CP3 de 2011, au sein de la Zone de Police de Liège.
4. Mettre en place autant que possible les recommandations émises par l’Observatoire des violences policières (ObsPol) lors de l’examen périodique universel (EPU) de la Belgique par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en 2016 :
·      assurer une assistance médicale systématique des personnes arrêtées ou violentées ;
·      identifier les policiers en toutes circonstances ;
·      faire cesser l’intimidation à l’encontre des citoyens qui récoltent des preuves d’abus policiers ;
·      plaintes contre les policiers : récolter des statistiques fiables et faire cesser les manipulations des chiffres ;
·      imposer des sanctions dissuasives pour les policiers qui abusent de leurs pouvoirs.

Notre suivi de ces dossiers, via Questions Ecrite et Orale a trouvé réponses, mais ne sont pas en tant que telles satisfaisantes. Des difficultés, que nous espérons passagère, sont aussi l’occasion de réinterroger la gestion, le management et les pratiques publiques en la matière: à Liège de les saisir.