Un effet d’annonce, plusieurs (très grosses) inconnues. Voilà comment qualifier l’annonce du bourgmestre, Willy Demeyer, sur la reconversion de l’infrastructure de TADAM en salle de consommation. Ecolo, rappelons-le, est favorable à ces lieux de consommation à moindre risque, reconnus internationalement et existant dans les pays voisins. Cependant, cette stratégie de réduction des risques reste illégale en Belgique. Muriel Gerkens, présidente de la commission santé du Parlement fédéral, et Caroline Saal, cheffe de groupe au conseil communal, consulteront les principaux concernés par la création d’un tel dispositif, le secteur des assuétudes, en particulier celui de la réduction des risques.


Les questions à l’ordre du jour seront les suivantes :

  • Quelles garanties de sécurité pour les usagers et les travailleurs du lieu ?

La loi concernant l’interdiction d’usage de substances psychoactives est très claire : cette stratégie de réduction des risques, est malheureusement illégale en Belgique, en dépit de la proposition d’avis positif rentré par Muriel Gerkens début 2017. Les pouvoirs communaux doivent anticiper les risques judiciaires et s’assurer qu’ils en porteront la responsabilité, non les usagers et non les travailleurs. Il importe également de garantir la durabilité du projet dans le temps pour éviter un arrêt brutal du projet qui laisserait « à la rue » les usagers sans plus aucune structure.

  • TADAM est-il la bonne option ?

Les arguments du bourgmestre sont le fait que TADAM existe déjà et que les riverains sont déjà au fait de la problématique. « On voit l’intérêt financier, effectivement, à ne pas partir de zéro, commente Caroline Saal, mais TADAM n’est pas une salle de consommation. Il ne suffira pas de l’ouvrir pour dire que c’en est une. Par ailleurs, il est recommandé qu’une salle de consommation soit intégrée à un ensemble de services pour les usagers de drogues en rue (sale d’accueil, douches, services administratifs, soins infirmiers de base …), là où TADAM est plutôt isolée. »

  • Comment intégrer ce lieu de consommation dans le réseau existant ?

Choisir la bonne option pour ce lieu nécessite de partir du réseau de MASS (Maison d’Accueil Socio-Sanitaire), de dispositifs mobiles, d’associations déjà existantes sur le territoire, afin de faciliter l’accès et le passage d’une structure à l’autre pour les usagers de drogues en rue, dont les besoins sont multiples (matériel stérile, testing VIH/VHC, accès au logement …). Ce lieu doit s’insérer dans cet ensemble.

  • Comment intégrer ce lieu de consommation dans la ville ?

La réussite de l’installation d’une salle de consommation à moindre risque dépend du travail de concertation avec les riverains et les acteurs du quartier dans lequel elle s’implante. Il est crucial de ne pas négliger cet aspect et d’organiser cette concertation. « Attention au syndrome Isatis. Le risque des effets d’annonce rapides, Willy Demeyer les connaît bien, c’est de susciter une levée de boucliers qui font capoter le projet », commente Caroline Saal, cheffe de groupe Ecolo au conseil communal, « Liège a tout à gagner à se laisser diverses options ouvertes ».

 

Caroline Saal, cheffe de groupe au Conseil Communal