Lundi soir la ville de Liège a réuni les habitants d’Outremeuse afin de leur présenter son projet de réaménagement  la place de l’Yser.

Ce dossier, Ecolo le suit depuis ses débuts. Et on ne peut pas dire que les méthodes de la ville soient très démocratiques ou efficaces. Juste avant les élections communales de 2012, Michel Firket, alors échevin de l’aménagement du territoire, engageait un bureau d’étude italien pour consulter la population sur ses envies pour cet espace. Coût de l’opération : 32.000 euros. Résultat de l’opération : nul. A ce jour « aucun rapport définitif n’est disponible » me confirment les services de la ville.

Aujourd’hui, la ville vient avec un projet basé sur on ne sait pas trop quoi finalement. On n’y retrouve pas les éléments discutés lors des séances précédentes (comme par exemple l’aménagement de plans d’eau) et rien n’est prévu pour consulter la population sur le projet proposé. Enfin, du moins ce n’était pas à l’ordre du jour de cette « séance d’information ». Mais au cours de la soirée, les choses sont devenues moins claires : un coup on a l’impression que tout est réglé dans les moindres détails (jusqu’à l’essence des plantes qui composeront les parterres), un coup tout semble encore possible, et le projet présenté ne serait qu’ « un ensemble d’options provisoires ». Pour clore la séance, l’échevin des travaux s’empresse de nous expliquer la méthode à suivre pour amender le projet, inventée sur le champ : les habitants n’auront qu’à envoyer un e-mail à l’échevinat. Faire de la participation, ça ne se décrète pas et ça ne s’invente pas. Cela répond à des techniques rigoureuses visant à obtenir l’avis du plus grand nombre. Ce n’est pas pour rien qu’en 1983, Ecolo avait mis en place le premier échevinat de la participation à Liège. Supprimé à la première occasion par la majorité PS-CDH qui n’en comprenait pas le sens. Et ne l’a toujours pas compris. (Découvrez ici toutes nos propositions en matière de participation : http://www.liege.ecolo.be/2012/wp-content/uploads/2012/06/ProgrammeEcoloLg.pdf, page 30 et suivantes).

L’île d’Outremeuse souffre d’un manque de vision de la part des pouvoirs publics. On a pu entendre hier soir que ce projet s’intégrait dans quelque chose de beaucoup plus large pour le quartier. Mais quel projet ? Voilà la question à se poser avant d’investir 1 million d’euros dans un projet sans aucune connexion avec le reste du quartier. Que va devenir Bavière ? L’église Saint-Pholien sera-t-elle un jour réaffectée ? Où le musée Simenon verra-t-il finalement le jour ? Des études préalables ont-elles été menées pour définir le nombre de places de parking nécessaire au quartier, pour repenser la mobilité ou pour redynamiser le commerce ? La réponse à toutes ces questions est non. On navigue à vue au fil des subsides qu’on parvient à obtenir, et comme dans beaucoup de projet, on a l’impression que la Ville est un avion sans pilote.

Enfin, en ce qui concerne les propositions proprement dites, on ne peut que constater qu’elles ne font pas l’unanimité. En proposant un projet ‘in-between’, la Ville ne parvient à contenter ni la chèvre, ni le chou. D’espace vert, il n’en est plus question, ça sera une dalle d’asphalte entourée de quelques arbres. En augmentant les places de parking disponibles (de 188 à 246), la Ville ne répondra ni à la demande des riverains, ni à celle des commerçants. Outremeuse croule sous les voitures. Mais sait-on combien d’habitants du quartier en possède une ? A Liège, plus de 50% des ménages n’en possède pas, quid d’Outremeuse ? Tant que les riverains n’auront pas de places de parkings qui leurs sont réservées, que les clients des commerçants ne disposeront pas de « dépose-minute » et que des parkings de délestage ne seront pas installés aux portes de la ville, Outremeuse restera le parking gratuit du 4000 ! Par ailleurs, aucune réponse n’est prévue pour les occupants du TALP. Ecolo a déjà interpelé le Collège à plusieurs reprises sur l’avenir de cette dynamique culturelle. La Ville n’a pas pu anticiper ce déménagement (les occupants n’y sont pas opposés, mais demandent une alternative).

La Ville aurait pu, aurait dû se saisir de ce réaménagement comme d’une opportunité pour repenser le quartier d’Outremeuse, en se servant de la Place de l’Yser comme d’un centre névralgique du quartier, mettant en avant la convivialité et rendant le quartier à ses habitants, ses commerçants, ses associations, ses acteurs. Au contraire, on s’achemine bel et bien vers une formidable occasion manquée. Là où  l’on pouvait penser le ‘vivre ensemble’ de demain, on réutilise les vieilles recettes du passé. Décidément, rien n’a changé, elles sont bien loin les grandes déclarations de Willy qui, au lendemain du 14 octobre 2012, voulait faire de Liège une Ville Durable.

Ecolo réclame d’urgence une étude urbanistique semblable à celle menée sur le quartier Léopold et la mise en place d’une commission de rénovation urbaine, lieu de participation par excellence.

 

Sarah Schlitz, Conseillère communale

Bénédicte Heindrichs, cheffe de groupe