Ci-dessous la réponse de Maxime Prévot, Ministre des Travaux publics, à notre député régional Philippe Henry qui l’interrogeait le 30 juin 2015 à propos de cette volonté aberrante de ressortir des cartons la liaison routière E313 (Vottem) – CHR :

 

Ph. Henry (Ecolo). – Monsieur le Ministre, depuis quelque temps, une vieille proposition a fait son retour dans les questions de mobilité liégeoise, à savoir le projet de liaison entre l’autoroute à Vottem et le CHR Citadelle.

Dire que c’est un vieux dossier relève de l’euphémisme puisque le tracé routier a été inscrit au plan de secteur dans les années 70. Ce projet soulève de vives inquiétudes parmi les riverains. Ce n’est pas seulement une réflexion d’un député écologiste qui aurait une vision trop dogmatique ou excessive. J’ai vu par exemple que l’échevin liégeois de la Mobilité, Monsieur Firket, a clairement exprimé par voie de presse qu’il n’était pas favorable à cette liaison.

Il est vrai que cette infrastructure apparaît comme un non- sens à plusieurs titres et tout d’abord en termes de mobilité où il s’agit évidemment de privilégier le tout à la voiture sans que des options alternatives ne soient envisagées. Il me paraît tout à fait regrettable de manquer d’ambition en termes de mobilité au 21e siècle.

C’est ensuite un non-sens environnemental puisque la construction de la liaison signera la destruction de plusieurs hectares d’espaces verts vraiment particulièrement appréciés à Liège et par les riverains et risque de nuire de façon importante à la qualité de vie des riverains.

C’est un non-sens également économique parce que le coût inhérent à la réalisation de cette infrastructure représentera, pour les années à venir, des frais supplémentaires dans l’entretien du réseau routier que vous connaissez bien et qui est pris en charge par la Wallonie alors qu’il y a justement des alternatives telles que les parkings relais.

Donc, Monsieur le Ministre, j’aurais voulu que vous puissiez faire le point sur ce dossier. Quel est exactement l’état d’avancement de ce dossier ? Quelles sont les actions et procédures déjà engagées ou planifiées par la Région ? Des réunions de concertation ont-elles été prévues et, le cas échéant, avec qui ?

Quel est le montant estimé de l’infrastructure routière en question ?

La liaison fait-elle partie des projets budgétisés dans le cadre des « routes de l’emploi » du Plan Marshall 4.0 ?

Quelles mesures ont été prises afin d’améliorer l’accès au CHR Citadelle ? Quelles alternatives sont en cours de réalisation ou sont étudiées ? Par ailleurs, la Ville a-t-elle soumis une demande d’étude pour le projet de téléphérique reliant la Citadelle au quartier Saint- Léonard ?

 

M. Prévot, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine. – Merci, Monsieur le Député, pour votre question. Le moins que l’on puisse dire est que ce projet de liaison semble faire beaucoup de bruit dans la région liégeoise. Il est vrai que l’accessibilité du CHR de Liège n’est pas parfaite, tant s’en faut, c’est pourquoi des solutions doivent y être apportées.

Etabli en 1987, le plan de secteur recense une zone de réservation pour une liaison directe entre la sortie d’autoroute et l’hôpital, raison pour laquelle les premières études avaient été réalisées par la Direction des routes de Liège de mon administration.

Afin d’améliorer l’accessibilité à l’Hôpital de la Citadelle, j’ai demandé à mon administration d’examiner toutes les solutions possibles alliant divers modes de transport, dont celle-là parmi tant d’autres. Ces différentes possibilités devront notamment être comparées sur le plan de la mobilité mais pas uniquement, sur le plan de leur impact également. Cette étude reprendra évidemment les autres qui ont déjà pu être réalisées, dont celles de 2005 que vous évoquez. Elle prendra en compte également le P+air qui sera prochainement réalisé à l’extrémité de la E313 conjointement avec l’aménagement et la sécurisation du carrefour Visévois et qui sera relié au CHR par des lignes de bus renforcées. La décision du Gouvernement wallon précédent, en avril 2014, sera également étudiée, à savoir l’amélioration de l’accessibilité par les voies existantes. Un premier rapport de cette étude est attendu pour le début de l’automne. De façon générale, soyons clairs, il n’y a pas, dans mon chef, d’approche monomaniaque considérant que la bretelle d’autoroute est la seule et unique modalité d’amélioration de l’accessibilité au CHR de la Citadelle conscient aussi des désagréments qu’une telle option pourrait engendrer.

C’est un enjeu important qui est à l’étude puisqu’il avait été envisagé même fin des années 80 mais cela ne peut pas être la seule alternative envisagée. C’est la raison pour laquelle on travaille sur un bouquet de solutions potentielles pour peser le pour et le contre et voir quelle est celle qui est la plus soutenable sur le plan du bon aménagement du territoire, comme des considérations budgétaires ou en matière de mobilité.

En tout état de cause, je n’ai pas caché, dans le cadre du plan Infrastructures, au travers notamment des concepts de routes de l’emploi, repris aussi au Plan Marshall 4.0, que la desserte améliorée vers des centres hospitaliers faisait partie des pôles à retenir.

Il est donc encore trop tôt pour se prononcer à ce stade. Toutefois, si une solution utile devait se dégager à l’automne en suite du rapport que je viens d’évoquer, il pourrait utilement alors figurer parmi les projets du Plan infrastructures. C’est, à ce stade, une possibilité. Ce n’est pas un élément sur lequel je peux m’engager tant qu’on n’a pas la confirmation des résultats de cette étude.

Quant au téléphérique, oui pourquoi pas, c’est une bonne idée, elle n’est pas du champ de mes compétences directes.

Je n’ai pas vocation à financer le téléphérique d’accès, à ce stade. Cela peut être une route de l’emploi moderne, pourquoi pas. A priori, ce n’est pas dans le champ de mes compétences.

Il est certain que l’accessibilité améliorée du CHR de Liège est un enjeu d’envergure, raison pour laquelle on ne doit pas se précipiter tête baissée dans une solution, mais se donner la peine d’analyser les différentes alternatives à la lumière d’une série de critères dont la mobilité, mais pas exclusivement la mobilité.

 

Ph. Henry (Ecolo). – Merci, Monsieur le Ministre, pour ces différents éléments de réponse. J’entends de la prudence dans vos propos d’aujourd’hui. Je vous remercie pour la clarté et la prudence.

Je pense qu’une décision comme celle-là ne peut se prendre qu’après une étude complète sur différentes possibilités et différents volets. Vous dites « pas seulement sur la mobilité », mais c’est quand même un projet qui impacte de manière considérable, par définition, la mobilité. Cela doit forcément être une partie importante de la décision, mais aussi tous les autres aspects, comme paysagers, environnemental et de coût.

Vous dites que la solution du téléphérique n’est pas dans vos compétences et vous avez raison. Mais j’espère bien que le Gouvernement aura une analyse collégiale, et sortira des attributions de compétences ministérielles pour prendre une décision comme celle-là. Nous risquons d’avoir une décision influencée par la localisation des enveloppes chez un Ministre ou un autre, ce qui aurait encore moins de sens.

Je me réjouis que l’on puisse disposer de cette étude complète et de l’analyse qui en sera faite. À ce stade, je ne vous cache pas que je pense que, s’il faut améliorer la mobilité autour de l’hôpital et envisager toutes les solutions possibles, je ne vois pas comment on peut retenir une solution comme celle-là, qui me paraît démesurée. Je ne vois pas comment elle pourrait être la meilleure solution

Je suis favorable à ce qu’il y ait une étude détaillée qui objective les choses et que, sur cette base-là, vous puissiez aboutir à ce type de conclusion et certainement utiliser une combinaison des différentes solutions de mobilité que l’on peut connaître aujourd’hui pour avoir une amélioration de l’accessibilité. Nous y reviendrons donc dans les prochains mois.