La majorité se félicite, comme chaque année, d’avoir « élaboré un budget à l’équilibre » (dixit l’Echevin des Finances), qui « ne serait pas, selon Mr. le Bourgmestre, un budget de crise ». Pour nous, c’est tout le contraire : c’est la crise et on n’a jamais été aussi loin de l’équilibre. Et ce sont les Liégeois qui vont payer la note ? Reprenons…

 

« Le Budget est à l’équilibre »

C’est une vue de l’esprit : la situation est plus que bancale. Si les dépenses ordinaires sont effectivement égales aux recettes, c’est uniquement grâce à un transfert (3.3M €) du budget extraordinaire (les investissements) à l’ordinaire. Quid quand ces transferts se tariront ?

De plus, au niveau des rentrées, la majorité tire sur trois grosses ficelles :

  1. Elle base ses prévisions sur des mesures prises en 2015 (les nouvelles taxes décidées l’année passée notamment) sans savoir   – ou sans donner aux conseillers ? – les recettes réelles de ces mesures. On prévoit donc sur des prévisions.
  2. De plus, elle surévalue sciemment certaines rentrées (musées, piscines,…) alors qu’elle ne met rien en œuvre pour promouvoir ces outils.
  3. Elle augmente significativement les taxes qui pèse sur les liégeois, ménages comme entreprises : 147,8 M€ en 2013 ; 153,2 M€ en 2014 (pour 158,8M€ budgétés, soit plus de 5M€ de recettes surévaluées !), et un budget « Fiscalité » 2016 qui se monte à… 170,7 M€. On parle d’un envol de la fiscalité de 15,5% en 3 ans, avec une inflation quasi nulle !

 

Au niveau des dépenses, l’équilibre est bancal également. En effet, comme cela devient une habitude, on reporte sur les années futures le poids des charges actuelles en rééchelonnant les emprunts. Les liégeois devront payer plus d’ici 2020, mais l’Echevin des Finances, lui, ne sera plus là. De plus, cette dette combinée à des ponctions sans cesse renouvelée dans les réserves nous fait craindre le pire pour la capacité d’endettement et d’investissement futur de la Ville.

 

« Les grandes enveloppes budgétaires sont maîtrisées »

On reconnaîtra ici l’honnêteté du Collège : il officialise l’utilisation de la râpe à fromage avec une réduction de 5% à tous les étages, noir sur blanc dans le plan de gestion. Râpe à fromage déjà en activité les années précédentes, comme Ecolo l’avait dénoncé à l’époque. On pointera notamment les dotations aux centres de jeunesse, qui n’évoluent pas depuis des années alors que les coûts de fonctionnement, eux, augmentent. Cette décision du Collège risque d’imposer à certains centres de licencier du personnel !

Mais là où c’est plus gênant, c’est que cet équilibre est obtenu en reportant la charge sur les autres. En effet, le CPAS coûte trop cher ? On transfère l’ensemble du service de maintien à domicile vers ISOSL. La qualité du service s’en ressentira-t-elle ? Peu importe, la logique est uniquement financière, le service à la population n’étant pas la préoccupation première.

La dotation du CPAS n’augmente pas, alors que le besoin de renforcement est criant. La majorité rétorque que celui-ci est renforcé des transferts de personnel : l’expérience a démontré que ce n’était pas efficace, et qu’elle ne tenait pas ses engagements en la matière !

 

« Une ambition intacte de développer de nouveaux projets »

Là, on touche le fond. En termes de nouveaux projets, c’est le désert. L’augmentation du budget extraordinaire relève de deux phénomènes: un report de projets des années antérieurs, et non concrétisés (plus de 50% du budget !) et la charge des pensions du passé, pour laquelle il faut emprunter. Le reste sont des projets bien ordinaires, même si utiles et nécessaires. En termes de projet métropolitain, seule la nouvelle Tour Administrative mérite ce qualificatif.

En conclusion, on vit avec ce budget le leurre des images : on ne réalise pas un investissement productif, mais on paie le prix du passé (pensions,…). Le Collège ne fait preuve d’aucune imagination et réutilise les mêmes recettes : diminution du coût des assurances, des frais divers, réduction de la dotation au CPAS et externalisation des services, utilisation de la râpe à fromage,…

Parler de vision d’avenir est donc assez sidérant, c’est davantage une vision d’avanies. Que la Ville rencontre des difficultés budgétaires, Ecolo peut l’entendre. Mais plutôt que ce budget cache-misère, il est temps de parler sans tabou des difficultés qui nous attendent. Rendez‑vous la semaine prochaine !

 

Bénédicte Heindrichs 0477/73.66.07 Daniel Wathelet 0495/77.33.28 Quentin le Bussy 0486/35.21.29

 

 

Guy Krettels 0494/68.22.70 Sarah Schlitz 0472/42.87.83 Caroline Saal 0486/95.51.03