Mesdames, Messieurs,
A la lecture des différents textes soumis à l’approbation du conseil, je suis soulagée pour les concitoyens que les mises en garde formulées en juin par Ecolo soient enfin entendues. Mais l’heure n’est pas à chanter sur l’air de «on vous l’avait bien dit ».
Que l’on soit pro- ou anti-nucléaire, il y a ici une menace forte, évidente, une manque de principe de précaution intolérable de la part du Gouvernement fédéral qui impose l’Union sacrée de ceux qui sont en première ligne en cas de catastrophe , nous liégeois et nos voisins de l’Euregio.
Nous jouons cependant avec le feu. En effet, nous avons de la chance : à 3Miles Island, à Tchernobyl, à Fukushima, personne n’a rien vu venir. Nous, nous sommes avertis.
Mais le silence incompréhensible des politiques belges qui entoure l’état de notre parc nucléaire ne fera pas taire les cris d’alarme qui nous viennent de partout. Il est temps de sonner l’alarme, et de réveiller les citoyens qui semblent anesthésiés par la seringue hypodermique du discours rassurant des politiques belges – tous trempés dans l’irresponsabilité de ces prolongations de centrales. L’Alarme citoyenne est là. Nous devons l’entendre !
En un mot comme en cent, notre position est « STOP AUX CENTRALES ». C’est pourquoi nous appelons à ne pas prendre acte de votre proposition de refuser de nouvelles prolongations de centrales, comme formulé dans votre point 1, mais à s’y opposer et à demander TOUT DE SUITE leur arrêt pour cause de menace majeure sur Liège. En effet, en l’état, votre texte entérine le fait que Tihange fonctionnera jusque 2025 malgré les fissures et que Doel en a repris pour 1O ans. Ecolo ne peut accepter une motion du Conseil qui ne fait que s’interroger sur comment on va faire en cas d’accident et à qui distribuer des capsules d’iodes prioritairement.
Le message du Conseil doit être clair : Liege veut l’arrêt de Tihange et demande celui de Doel, comme toutes les villes set régions qui l’entourent. La dépendance énergétique est un débat qui se pose à un niveau infiniment plus bas en termes de risques que celui de la sécurité nucléaire. Par ailleurs, on ne peut rester indifférent au coût de la prolongation de ces vieilles casseroles qui nous retarde – une fois encore- dans la transition énergétique dans laquelle nos voisins de l’euregio se sont résolument lancés.
Il faut prendre nos responsabilités : que peut faire le Conseil ? La motion de la majorité demande au Gouvernement fédéral des mesures qui pour, beaucoup d’entre elles, concernent le Conseil lui-même et la Province. A nous par conséquent de répondre à plusieurs des questions que pose la motion proposée :
– Par exemple sur le plan d’urgence réclamé au fédéral par le texte : la ville de Huy a adopté son plan d’urgence. Ne devrions-nous pas nous, ville de Liege, nous atteler à établir un plan d’urgence puisque nous sommes de fait tenus de nous rendre vers les centres de comptage et de décontamination situés à 35 km de Tihange.
– En matière de choix énergétique, nous pouvons sans difficulté soutenir le développement du renouvelable, limiter la consommation énergétique au travers du projet de ville, désinvestir les produits financiers qui soutiennent les modes de production dangereux et polluants. Nous disposons des outils qui nous permettent de prendre des mesures adéquates. On peut prendre notre destin en main.
C’est cela est de notre responsabilité, et cela n’a rien à voir avec un message à adresser au Gouvernement fédéral.
Ainsi, on ne peut déposer une motion qui fait semblant de s’inquiéter du problème et en même temps qui semble d’ores et déjà se résigner à l’idée qu’un accident est inévitable.
Nous avons mieux à faire, ensemble : il nous faut une union sacrée des premiers concernés et non des pseudo-protestations qui ne seront pas entendues. Il nous faut une demande ferme d’arrêt de ces centrales !
Et cette exigence, j’insiste, transcende le clivage entre pro et an-nucléaires ! Même en étant pour l’énergie nucléaire, personne ne peut admettre la mise en danger d’un pays entier par des centrales hors d’âge. NON par conséquent à un compromis entre indépendance énergétique et sécurité publique ! On ne négocie pas la sécurité de toute une Région.
Pour terminer, ce sont nos Anciens qui doivent nous inspirer. Tite live disait « il faut oser ou se résigner à tout ». Il faut oser une motion forte qui crée une fois pour toute l’alternative au nucléaire ou se résigner à tout c’est-à-dire distributeur de pilules d’iode.
Bénédicte Heindrichs