Par Daniel Wathelet

 

Tram de Liège remisé : Coup d’arrêt à la mobilité durable des liégeois et du redéploiement de l’agglomération liégeoise

Le Gouvernement wallon (le ministre compétent, le cdH Di Antonio, mais également le Ministre Marcourt, le socialiste liégeois du gouvernement) relance un DBFM. Les écologistes se demandent quelle stratégie cache cet écran de fumée, puisque, comme nous allons le voir les chances d’aboutir sont quasi nulles. Ce qui a été modifié suite aux différents avis négatifs était acquis. Relancer la procédure va nous amener dans la même impasse, c’est quasi 3 années de plus, avec des règles qui n’auront pas changé et des finances qui ne seront pas plus florissantes.

La lecture d’Eurostat ne changera pas1

Une note de clarification d’Eurostat sur le traitement des PPP datée du 4/3/16 confirme qu’il n’acceptera pas de nouvelle déconsolidation et qu’en fait le DBFMO (concession) est la seule voie acceptable. Les dispositions actuelles poussent donc vers une privatisation de la ligne de tram. On peut se poser la question de l’intention du gouvernement à ce sujet.

En clair la donne en termes d’imputation budgétaire ne sera pas modifiée.

Sauf que -précision importante qui semble ignorée du GW- l’imputation budgétaire commence dès l’entame (significative) des travaux de construction pour la durée de ceux-ci.

Soit dans le cas qui nous occupe une charge de 380 millions réparties sur 3 ans et ce à partir du printemps 2019 si on reprend la procédure avec nouvel avis de marché.

Il faudrait donc imputer (pas dépenser) dans la dette wallonne environ 130 millions par an durant la mise en œuvre du chantier.

C’est donc bien une question de choix politique. Le Gouvernement wallon pourrait pendant 3 ans « diluer » certaines autres investissements (routiers par exemple) pour faire place, dans la charge de la dette régionale, aux trois échéances « tram », puis reprendre la trajectoire budgétaire initiale. Ecolo rappelle que le produit de la redevance kilométrique « poids lourds » rouvre le jeu à cet égard pour compléter le financement.

Le gouvernement parle de déconsolidation possible de ce projet, alors que tout ce qui pouvait être fait l’a été et que tenter de le faire plus avant c’est la garantie de pas être accepté en tant que PPP.

Et enfin Eurostat ne donnera jamais d’avis avant la signature du contrat final. Le risque devient maximal d’avoir une nouvelle issue négative.

Les conséquences de ce nouveau report

La non-décision du ministre Di Antonio aura des effets en cascade :

  • La réorganisation du réseau TEC autour de la ligne de Tram est reportée sine die, le réseau sur son axe le plus fréquenté va continuer à se congestionner pendant de nombreuses années, les P+R attendus seront reportés, la ville de Liège va continuer à s’embouteiller
  • Mobiliège avait annoncé que l’essentiel des entreprises et travailleurs seraient recrutés dans la région, des centaines d’emplois et d’activités qui ne verront pas le jour à court terme
  • Un signal désastreux, par l’incertitude créée, pour les investisseurs et de grands projets publics fortement liés au tram dont faut-il le rappeler est un levier fort de rénovation urbaine. Qu’adviendra-t-il du Val Benoît, de l’écoquartier de Coronmeuse, de la revitalisation de Droixhe pour ne citer qu’eux ?
  • Une perte sèche de quelques 40 millions d’€ si le projet n’aboutit pas en l’état et des indemnités qui risquent d’augmenter.

C’est un projet vital pour Liège et la décision appartient au politique

Le dossier finalisé par le Ministre Henry lors de la précédente législature était prêt. En janvier 2015 le premier avis négatif d’Eurostat arrive et un an est pris pour prendre la décision de recommencer en s’inscrivant dans une logique d’échec. Le CDH agit avec légèreté dans ce dossier pour lequel il dispose de relais à tous les échelons.

Ecolo doit bien constater que Liège fait figure de parent pauvre de la Wallonie, la majorité à la Ville ne trouvant pas de relais ni à la région, ni auprès des instances européennes (rappelons que la Commissaire CD&V fait partie du même groupe politique européen que le CDH).

La modification des règles d’Eurostat demande une action politique forte et concertée des Etas européens pour soutenir les projets d’infrastructures durables.

Il en va aussi de la crédibilité du « Plan Juncker » de relance par les investissements !

Ecolo Liège constate par ailleurs que le GW ne met pas la priorité aux transports en commun et à une mobilité durable, mais au contraire multiplie les investissements en infrastructures routières. C’est le retour aux seventies à contre-courant de toutes les dynamiques de développement durable urbain digne de ce nom.